Dans le contexte actuel de crise énergétique et de préoccupations environnementales croissantes, l‘isolation thermique des bâtiments est devenue un enjeu majeur. La question se pose alors : si l’on isole l’extérieur d’un bâtiment, faut-il également isoler l’intérieur ? Pour répondre à cette interrogation, il convient de revenir sur les avantages et inconvénients de chaque type d’isolation et de considérer les cas particuliers.
L’isolation par l’extérieur : une solution performante
L’isolation thermique par l’extérieur (ITE) consiste à envelopper le bâtiment dans un « manteau » isolant avant de recouvrir ce dernier avec un revêtement de façade. Cette technique présente plusieurs avantages :
- Elle permet de traiter efficacement les ponts thermiques, sources de déperditions d’énergie;
- Elle conserve la surface habitable du logement;
- Elle préserve l’inertie thermique des murs en maçonnerie, assurant un confort optimal en hiver comme en été;
- Elle peut être réalisée sans perturbation majeure pour les occupants du logement;
- Elle valorise l’esthétisme du bâtiment grâce au large choix de finitions disponibles;
Cependant, l’ITE peut présenter des inconvénients, tels que le coût plus élevé de l’investissement ou les contraintes liées à l’urbanisme et aux règles de copropriété.
L’isolation par l’intérieur : une alternative intéressante pour certains cas
L’isolation thermique par l’intérieur (ITI) consiste à placer les isolants sur les murs intérieurs du logement. Cette technique présente également des avantages :
- Elle est généralement moins coûteuse que l’ITE;
- Elle ne modifie pas l’esthétique extérieure du bâtiment;
- Elle permet d’améliorer simultanément l’acoustique du logement en association avec la bonne performance thermique;
- Elle peut être réalisée progressivement et par étapes;
En revanche, l’ITI présente plusieurs inconvénients :
- Elle entraîne une réduction de la surface habitable du logement (5 à 7% en moyenne);
- Elle ne traite pas aussi efficacement les ponts thermiques;
- Elle peut engendrer des problèmes d’humidité et de condensation si elle n’est pas mise en œuvre correctement;
Les cas particuliers : patrimoine ancien et réglementations locales
Dans certaines situations, comme pour les bâtiments anciens classés patrimoine historique, il est nécessaire de créer un diagnostic de performance énergétique (DPE) spécifique, car le système constructif actuel n’est pas adapté. C’est pourquoi Martin Malvy, ancien ministre et président de Sites & Cités remarquables de France, préconise un état des lieux multicritères afin de rendre la transition plus juste.
De même, il est important de prendre en compte les réglementations locales en matière d’urbanisme et de construction, qui peuvent parfois rendre difficile, voire impossible, l’isolation par l’extérieur. Ainsi, certaines communes peuvent refuser des permis pour isoler les façades avant, comme dans le cas d’Annie à Jumet, malgré la volonté de cette dernière de réaliser des économies d’énergie.
Alors, faut-il également isoler l’intérieur si on isole l’extérieur ?
Chaque projet d’isolation thermique doit être étudié au cas par cas, en tenant compte des contraintes spécifiques liées au bâtiment concerné, aux réglementations locales et aux objectifs visés en termes de performance énergétique.
Dans la plupart des situations, l’isolation par l’extérieur serait suffisante pour améliorer considérablement le confort thermique du logement et réaliser des économies d’énergie significatives. Néanmoins, lorsque l’ITE n’est pas possible ou que certaines contraintes techniques ou réglementaires viennent s’y opposer, l’isolation par l’intérieur peut constituer une alternative intéressante et complémentaire, avec en tête de liste l’amélioration de l’acoustique du logement. La décision finale dépendra donc de chaque projet dans sa singularité, et il est recommandé de se faire accompagner par un professionnel qualifié pour faire le choix le plus adapté aux besoins spécifiques des occupants du logement.